Explorer les documents (29 total)

Artaban.jpg
Quel est l'équivalent de « fier comme Artaban » en occitan ?
Benjamin Assié
Françoise Bancarel
Notre réponse : L’expression française « fier comme Artaban », qui signifie que quelqu’un est extrêmement fier, voire arrogant, « qui est sottement imbu de sa personne » nous dit le Trésor de la Langue Française (atilf.atilf.fr/tlf.htm), est une double référence historique et littéraire au personnage d’Artaban, roi de Parthie (Perse), popularisé au milieu du XVIIe siècle par l’écrivain périgourdin Gautier de Coste de la Calprenède (1609-1663) dans Cléopâtre, un roman-fresque monumental en 12 volumes. Notons qu’au-delà du personnage d’Artaban, fier et orgueilleux, il semblerait que le style emphatique de l’auteur selon Boileau, aurait aussi pu donner l’expression, « fier comme la Calprenède » : en versant largement dans l’ethnotype du gascon arrogant et fanfaron qui avait cours dans une abondante littérature depuis Henri IV, Boileau écrit en effet de Gautier de la Calprenède dans son Art poétique (chant III) :
« Souvent, sans y penser, un écrivain qui s’aime
Forme tous ses héros semblables a lui-même
Tout a l’humeur gasconne en un auteur gascon
Calprenède et Juba parlent du même ton. »

Les expressions occitanes :

Cette référence littéraire ancienne vaut aussi en occitan, et l’on peut ainsi dire « fièr coma Artaban » ou « fièr coma un Artaban » comme l’indique Maurice Romieu dans son Diccionari d'expressions e locucions occitanas (ed. Vent Terral, 2013).

Dans le Trésor du Félibrige, le dictionnaire occitan le plus riche en expressions idiomatiques, Frédéric Mistral note les équivalents suivants (les expressions sont données ici transcrites en graphie classique) :
- Fièr coma Artaban
- Fièr coma un Cesar (= Fier comme un César, comme un empereur romain)
- Fièr coma un duc (= Fier comme un duc)
- Fièr coma un gascon (= Fier comme un gascon : on a vu plus haut avec Boileau que le personnage du gascon fier et fanfaron est un grand cliché littéraire du XVIIe siècle, qui reprend de la vigueur à la fin du XIXe siècle avec le succès de Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand)
- Plus fièr que berreta (= plus fier qu’un bonnet : la berreta, cela peut être aussi le béret, mais l’expression renvoie sans doute à l’image du bonnet fièrement dressé sur la tête)
- Es mai fièr qu’una ferreta (= il est plus fier qu’une serpe ? qu'une épée ?) 

En savoir + :

Quelques ressources pour découvrir ou chercher des expressions idiomatiques en occitan :

- Maurici Romieu ; Andrieu Bianchi ; Loís Gaubèrt, Diccionari d'expressions e locucions occitanas, Vent Terral, 2013.
- Express’Òc, une base en ligne d’expressions idiomatiques occitanes réalisée par le Congrès permanent de la langue occitane : consulter le site.
- Le site « La Blagueta » qui rassemble beaucoup d’expressions en languedocien : consulter le site.  
- Lou Tresor dóu Félibrige de Frédéric Mistral (Paris : Champion : 1878-1886) consultable en ligne et interrogeable en plein texte sur Occitanica : faire une recherche dans le TDF.  

D’autres recueils d’expressions occitanes disponibles sur Occitanica : voir toutes les ressources.

Alouette et calandre. Buffon, Georges Louis Leclerc; Daubenton, Edme-Louis; Martinet, Francois Nicolas / Planches enluminées d'histoire naturelle / 1765-1783?
Que signifie le mot « Calandreta » ?
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Calandreta [kalɑ̃'dretɔ] est le nom donné par ses fondateurs à la première école associative et immersive occitane qui ouvre à Pau le 5 janvier 1980. Dans le même temps, un projet similaire mené à Béziers, sans concertation avec le premier, aboutit à la création d’une autre école en septembre de la même année. Le terme Calandreta est adopté à Béziers, fédérant les deux établissements : la Calandreta Paulina (« paloise ») et la Calandreta l’Ametlièr (« l’amandier ») sont nées.1 

Qu'est-ce qu'une « calandreta »

Utilisé sur tout l’espace occitan méditerranéen, des Alpes aux Pyrénées, le terme ”calandra” ou “calandreta” (sous sa forme diminutive) désigne en occitan une espèce particulière d’alouette : les alouettes calandre (Melanocorypha calandra) et calandrelle (Calandrella brachydactyla). Par extension, le terme peut désigner aussi l'alouette de manière générique. 

Le mot « calandre », outre le mâle de la « calandra », désigne par ailleurs un apprenti. 2

« Calandrons » et « calandrins »

Comme l’indique l’emploi du suffixe diminitutif “-on” (au féminin “-ona”), que l’on retrouve par exemple dans « pichon », le calandron est un oisillon, le petit de la calandra ; en plus d’un élève de Calandreta, le terme est aussi employé pour désigner un poupon. 3

Le calandrin est, quant à lui, une jeune alouette. C’est aussi le nom donné aux futurs regents lors de leur année de formation à l’établissement d’enseignement supérieur occitan Aprene (“apprendre”). 

Dans un tout autre registre, le calandrin est par ailleurs le nom occitan du caladrius ou caladre, créature légendaire décrite dans maints bestiaires médiévaux sous les traits d’un oiseau, souvent blanc, au chant mélodieux et aux pouvoirs guérisseurs et divinatoires. Ainsi apprend-on dans Aiso son las naturas d'alcus auzels e d'alcunas bestias, imitation anonyme du XIIIe siècle, en occitan, du Bestiaire d'amour de Richard de Fournival :

« S’òm pòrta un calandrin davant un òme qu’es malaut et qu’òm lo gete sus son lièch, se lo Calandrin agacha l’òme a la fàcia, aquò’s signe qu’es per garir mas se virala coa, aquò’s s senhal de mòrt. »4

[« Si l’on porte un calandrin devant un homme qui est malade et qu’on le jette sur son lit, si le calandrin regarde l’homme en face, c’est signe qu’il va guérir mais s’il tourne la queue, c’est signal de mort. »]

Noms de famille

En occitan, l’alouette porte différents noms d’oiseau. 
On emploie pour désigner les membres de cette famille des Alaudidés (familha dels Alaudidats) les termes génériques lausa, alausa, alauda ou lauseta et les variantes alauseta, laudeta...
Mais ces termes peuvent aussi caractériser particulièrement l'alouette des champs (Alauda arvensis).
L'alouette calandre (Melanocorypha calandra) porte aussi le nom de gratisset (n.m.) ou de torrolha (n.f.).
Le cochevis huppé (Galerida cristata) est appelée la cauquilhada, la capurlada.
L’alouette lulu (Lullula arborea) est nommée, quant à elle, lo cotoliu,  la cotolina ou la bedoïda.
Enfin, l'alouette hausse-col (Eremophilia alpestris) a pour nom occitan la calandra mejancièra.

En chansons

À l’instar de la “gentille alouette” de la comptine française, la calandreta figure en bonne place dans le répertoire musical occitan avec le chant traditionnel de la vallée d’Ossau Au verdurèr (« Dans le jardin ») repris et adapté par le groupe Nadau sous le titre Pengabelòt :

Au verdurèr je me n’entrè
Tres arrosetas m’i trobè
Aussau ! Mas amoretas
Aussau ! Jo me n’i vau !
Tres arrosetas m’i trobè
Que las copé, que las ligué
A mas amors las enviarè
Mes qui serà lo messatgèr ?
La calandreta o l’espervèr ?
La calandreta ei cap-leugèr
E l’esparvèr qu’ei mensongèr.
Jo medisheta i anirè !

Dans le jardin je suis entré
Trois petites roses j’y ai trouvées
Ossau ! Mes amourettes
Ossau ! Je viens à vous !
Trois petites roses j’y ai trouvées
Je les ai coupées, je les ai liées
À mes amours je les enverrai
Mais qui sera le messager ?
L’alouette ou l’épervier ?
L’alouette est tête-en-l’air
Et l’épervier est menteur
Je m’en irai moi-même !

Le chanteur gascon Marcel Amont a quant à lui consacré une comptine à la calandreta et aux écoles qui en portent le nom.

(...) Mainadets, qu’avetz tot sabut
Sus l’emplumat e lo pelut
L’esgarrapiaire e lo cornut
Cercam en aqueste coplet
Qui vaden tots los poquets :
Canhòts, porins, anherets
(...)
E que hè la calandreta ?
Calandreta, calandreta
Ausereta valenteta
Pones beròis calandrons
Per Pau, Ortès, Auloron (...)
 (...) Les enfants, vous avez tout su
Sur l’emplumé et le poilu
Le griffu et le cornu.
Cherchons dans ce couplet
Comment naissent tous les petits :
Chiots, poulains, agnelets 
(...)
Et que fait la calandrette ?
Calandrette, calandrette
Petit oiseau vaillant
Tu ponds de jolis « calandrons »
À Pau, Orthez, Oloron (...)5

Et ailleurs ?

Si les écoles associatives occitanes ont choisi un oiseau pour emblème, leurs homologues bretonnes se sont placées sous le signe de la terre en jetant leur dévolu sur le nom de Diwan, qui signifie « germer ». Les Basques de la fédération d'écoles « Seaska » et les Catalans des écoles « Bressolas » ont quant à eux opté pour la symbolique du « berceau ».

 


1. cf. BACCOU, Patrice. L'aventure des Calandretas. In Confederacion occitana de las escòlas laicas Calandretas. Calandreta : 30 ans de creacions pedagogicas. Montpelhièr : La Poesia : Confederacion occitana de las escòlas laïcas Calandretas, 2010. 366p. ISBN : 978-2-914243-14-8. pp.358-362

2. MISTRAL, Frédéric, Lou tresor dóu Felibrige, ou Dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d'oc moderne. Aix-en-Provence : J. Remondet-Aubin ; Avignon : Roumanille ; Paris : H. Champion, [1878-1886]. 2 vol. (1196, 1165 p.). ISBN : 2-86673-113-1.

3. Ibid.

4. Chansonnier dit La Vallière. BnF, ms français 22543. Transcription et traduction française : Yves Rouquette pour l'exposition De la natura de quauquas bèstias illustrée par des œuvres originales de Pierre François (collections CIRDÒC).

5. Lou Cèu de Pau, Lous Mandragòts, LABARRÈRE, André. Chants du Béarn. Pau : Lou Cèu de Pau, 1984. 137 p.


 

fecas.jpg
Pourquoi chante-t-on «  fume la pipe sans tabac  » dans "Carnaval es arribat" ?
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Votre question : Pourquoi chante-t-on «  fume la pipe sans tabac  » dans la chanson Carnaval es arribat 

Notre réponse : La chanson Carnaval es arribat, constitue dans la tradition occitane relative à cette fête, une chanson incontournable, interprétée tout aussi bien au commencement des festivités que dans l'épilogue de celles-ci alors que le bonhomme Carnaval est porté au bûcher.

 

Voici les premières paroles de cette farandole, telle que transmise dans l'ouvrage Lo resson de la pèira de Jean-Michel Lhubac, Josiane Ubaud et Marie-José Fages-Lhubac (Saint-Jouin-de-Milly : Modal, 2006), dans lesquelles apparaît la formule "Fume la pipe sans tabac".

 

Cançon 29 "La Pipa ou Carnaval es arribat ou Los Acabaires".

"Carnaval es arribat, / Carnaval est arrivé,

Fuma la pipa, fuma la pipa, / Fume la pipe, fume la pipe,

Carnaval es arribat, / Carnaval est arrivé,

Fuma la pipa sens tabac. / Fume la pipe sans tabac.

 

Repic / Refrain

I anarem totes, i anarem totes, / On y ira tous, on y ira tous,

I menarem nòstres enfants, / on y amènera nos enfants,

E la jornada serà pagada / Et la journée sera payée

Coma se trabalhaviam. (bis) / Comme si l'on avait travaillé."

 

  Le même ouvrage nous renseigne par ailleurs sur l'origine de cette expression qui peut sembler contradictoire : "Fumer la pipe sans tabac". Il faut en fait aller chercher l'une des significations de la "pipe", terme qui en français comme en occitan désigne également une grande futaille, ("Grande futaille, de capacité variable selon les régions" Trésor informatisé de la langue française), c'est-à-dire un récipient sphérique destiné à contenir divers liquides, mais de préférence des liquides alcoolisés, vins ou eaux-de-vie le plus souvent.

 

  Le Trésor du Félibrige, le dictionnaire somme réalisé au XIXe siècle par Frédéric Mistral donne également les différents sens de la pipa : " Pipo : (rom. Pipa, tube, pipeau, cat. Esp. Port. it. Pipa), s.m. Pipe, calumet, v.brulo-taba, cachimbau, galifo, tubanto; feuillette, grande futaille contenant 6 hectolitres en Béarn, v. Bouto, pipan [...]".

 

"La pipe sans tabac" nous renvoie donc à la futaille et avec elle, à la question de la boisson. Lo resson de la pèira explique ainsi que "Fumer la pipe sans tabac, c'est donc boire" (ibid. p103).

 

L'ouvrage Carnaval en Béarn. Coutumes et chansons de J.-B. Laborde, (disponible sur Occitanica ici) propose d'ailleurs en page 9, une des nombreuses variantes de Carnaval es arribat (on trouve d'une région à l'autre et selon les époques, des nuances plus ou moins fortes de cette chanson traditionnelle). Dans cette dernière, dont le premier couplet est repris ci-dessous, la question de l'alcool est présentée de façon plus explicite.


Ne saber mai : 
- Sur le carnaval en ligne : Aquí
- Lo resson de la pèira. 

« Carnaval est arrivé / carnaval es arribat

Carnaval est arrivé / Carnaval qu'es arribat,

Verse à boire, verse à boire, / Botelha, botelha.

Carnaval est arrivé, / Carnaval qu'es arribat,

Verse à boire, jeune homme / Botelha, gojat."

 

Les différentes chansons accompagnant Carnaval, est tel est le cas de Carnaval es arribat, possèdent en effet souvent un important paratexte, et multiplient les allusions plus ou moins explicites, notamment relatives à l'alcool mais aussi sexuelles. Effectivement, avant de devenir un moment de fête ouvert à tous et tout particulièrement aux plus jeunes, Carnaval fut durant des siècle un temps à part de l'année. Une période de licence et de remise en cause de l'ordre établi avant que ne commence la dure période des restrictions du Carême, très éloignée dans ces manifestations du monde de l'enfance.

Où parle-t-on occitan en Rhône-Alpes ?
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Votre question : Où parle-t-on occitan en Rhône-Alpes ?
Notre réponse :
L’actuelle région administrative de Rhône-Alpes est traversée par une frontière linguistique historique qui en fait une zone de contact entre deux grands domaines géolinguistiques, le francoprovençal au nord et l’occitan au sud. Le tracé d’une frontière linguistique donne lieu à de nombreux travaux et controverses de spécialistes et s’apparente rarement à une frontière linéaire étanche mais plutôt à une zone d’échanges et d’influences réciproques qui a pu évoluer dans le temps.

La géographie linguistique de la France s’est affinée à partir des années 1950 avec la collection des Atlas linguistiques régionaux initiée par le linguiste Albert Dauzat et éditée par le Centre national de la recherche scientifique. L’espace occitanophone de la région Rhône-Alpes est étudiée dans deux Atlas régionaux, celui du Massif Central et celui de la Provence (voir bibliographie ci-dessous).

La consultation de ces deux atlas linguistiques permet de déterminer la frontière nord de l’espace linguistique occitan provençal, déterminée par « par l’isophone de la palatisation de -A » et correspondant à la totalité du département de la Drôme moins la vallée de la Valloire à l’extrême nord du département, une frange au sud du département de l‘Isère (communes de Villard-de-Lans, Gresse-en-Vercors, Cordéac, Valbonnais et Venosc). L’Atlas linguistique du Massif Central décrit quant à lui l’espace occitanophone rhône-alpin oriental, plus proche linguistiquement de l’occitan tel qu’il est parlé en Vivarais : le département de l’Ardèche et une frange étroite au sud et à l'extrême ouest du département de la Loire (région de Saint-Bonnet-le-Château et plateau de Noirétable).

La carte ci-dessus représente schématiquement l’espace occitanophone de Rhône-Alpes à partir des données disponibles (fond de carte : source IGN 2012).

En savoir + sur l’occitan en Rhône-Alpes :

- La région Rhône-Alpes consacre une page de son portail à la politique linguistique. Vous y trouverez des informations générales sur l’occitan et le francoprovençal en Rhône-Alpes et les documents de politiques linguistiques régionales pour la promotion et le développement des langues régionales. Voir la rubrique sur le portail de la région Rhône-Alpes.

- L’étude FORA - Francoprovençal et occitan en Rhône-Alpes, commandée par la région Rhône-Alpes, pilotée par l’Institut Pierre Gardette de l’Université catholique de Lyon (responsables de l’étude : MM. Michel BERT et James COSTA ; conseiller scientifique : M. Jean-Baptiste Martin) en coopération avec l’Institut national de recherche pédagogique (INRP), les laboratoires de recherche Interactions, corpus, apprentissages, représentations (ICAR) et Dynamique du langage (DDL), du Centre de dialectologie de Grenoble et de nombreuses associations, résulte d’une commande de la Région Rhône-Alpes. Publiée en 2009 et consultable en ligne, l’étude FORA dresse un état des lieux du francoprovençal et de l’occitan en Rhône-Alpes et formule des préconisations pour leur préservation et leur développement. Consulter l'étude en ligne sur le site du laboratoire ICAR (CNRS-Université Lyon-II).

- L’association Espace Pandora a produit une exposition sur l’occitan et le francoprovençal en Rhône-Alpes, disponible au prêt. En savoir + sur le site de espacepandora.org.

Bibliographie

ESCOFFIER (Simone), La rencontre de la langue d'oïl, de la langue d'oc et du francoprovençal entre Loire et Allier, Macon, Protat, coll. “Publications de l'institut de linguistique romane de Lyon”, 1958.

BOUVIER (Jean-Claude), Les parlers provençaux de la Drôme. Etude de géographie phonétique, Paris, Klincksieck, 1976.

BOUVIER (Jean-Claude) et MARTEL (Claude), Atlas linguistique et ethnographique de la Provence, Paris, CNRS, 1975-1986, 3 vol.

NAUTON (Pierre), Atlas linguistique et ethnographique du Massif Central, Paris, CNRS, 1957-1963, 4 vol.

TUAILLON (Gaston), "La limite nord du provençal à l’est du Rhône", Revue de linguistique romane, n° 28, 1964, p.127-142.

“Le Vivarais linguistique”, dans Vivarais-Ardèche, Paris, Editions Bonneton, 1991.

"La limite entre l'occitan et le francoprovençal dans le Pilat", Etudes foréziennes, n° 10, 1979, p. 75-88.

encyclo_chanson 2.jpg
Les versions du chant "La Pernette se lève"
CIRDÒC (servici question-responsa)
Votre question : Bonjour, je recherche une version , la plus ancienne possible , de "La pernette se lève" en occitan. Merci 

Notre réponse :


La Pernette se lève est une complainte très ancienne répandue dans toute le territoire français, plus particulièrement dans le Sud et le Nord-Ouest de la France. Elle raconte l'histoire d'une jeune fille pleurant son promis en prison et condamné à mort. Elle refuse tout autre mariage et demande à être tuée et enterrée en même temps que son compagnon. Cette histoire est très similaire à celle d'une autre complainte française bien connue : Ne pleure pas Jeannette.

Quelques spécialistes de la tradition orale française, en particulier Georges Doncieux (1856-1903) et Patrice Coirault (1875-1959), se sont penchés sur les origines de cette chanson et la font remonter au XVe siècle.
 
Dans son article La Pernette : origine, histoire et restitution critique d'une chanson populaire romane publié en 1891 dans la revue Romania (article consultable en ligne sur Gallica), Georges Doncieux atteste la présence de cette chanson dans de nombreux recueils depuis le XVe siècle. La chanson est aussi présente dans les collectages menés par les folkloristes et les ethnologues à partir du XIXe siècle. C'est principalement dans ces collectages contemporains que l'on trouve des versions occitane de cette chanson. 
 
Patrice Coirault, dans son Répertoire des chansons françaises de tradition orale,  fait le recensement de toutes les versions connues de cette chanson. Dans les sources anciennes, P. Coirault repère plusieurs formes archaïques et quelque peu éloignées du chant tel qu'on le connaît aujourd'hui. Elles sont toutes présentées dans les recueils ou manuscrits ci-dessous sous le titre ou l'incipit La Belle se sied au pied de la tour ou La fille du roi est auprès de la tour. Il ne nous a pas été permis de retrouver une version ancienne en occitan dans les sources repérées par Coirault.
 

Sources anciennes du chant :

 
  • Manuscrit de Bayeux, Chansons Normandes du XVème siècle.
    Consulter l'ouvrage en ligne

  • Ms. NAF 6771 : Recueil de chansons italiennes et françaises, avec musique notée, copiées en Italie, XVe siècle.
    Consulter l'ouvrage en ligne

  • Ms. NAF 4379 : Recueil de chansons, motets, etc., en français, latin, italien et allemand ; avec musique notée, XVe-XVIe siècles.
    Voir la description du document 

  •  Marbrianus de Orto, Misse... Dominicalis, J'ay pris amours, cum duobus Patrem, l'omme armé, la bella se sied, Petita camuseta, Venezia : Petrucci, 1505.
    Consulter l'ouvrage en ligne

  • Adrien Le Roy, QUART LIVRE DE CHANSONS, // composées à quatre parties par bons et excellents musiciens, // Imprimées en quatre volumes. [Marque de Le Roy et Ballard.] // A PARIS. De l'imprimerie, d'Adrian le Roy, et Robert Ballard, Imprimeurs du Roy, // rue S. Iean de Beauvais, à l'enseigne S. Genevieve. 2. Decembre 1553. // Avec privilege du Roy pour neuf ans. //, [S.l.] : [s.n.], 1553
    Consulter l'ouvrage en ligne 

  • La Fleur des Chansons amoureuses où sont comprins tous les airs de Court recueillis aux Cabinets des plus rares poètes de ce temps,Rouen : Adrian Delaunay, 1600, p. 378

  • Non le tresor ny le trias ne le cabinet, moins la beaute, mais plus, la fleur ou l'eslite de toutes les chansons amoureuses et airs de court. Tirez des oeuvres et manuscripts des plus fameux poëtes de ce temps, Rouen : chez Adrian De Launay, 1602.

  • Airs de Cour comprenans le trésor des trésors, la fleur des fleurs et eslite des chansons amoureuses, extraites des oeuvres non encor cy devant mises en lumière des plus fameux et renommez poètes de ce siècle, Poitiers : P. Brassart, 1607
    Consulter l'ouvrage en ligne 

  • Meslanges de musique de Jacques Le Fèvre, Paris, P. Ballard, 1613.

  • Manuscrit Livre des vers du lut, conservé à la bibliothèque Méjanes, début du XVIIème siècle.
    Voir la description de l'ouvrage

  • Le Dernier Trésor des chansons amoureuses. Recueillis de plus excellents airs de court, et augmentez d'une infinité de très belles chansons nouvelles & musicales, A Rouen : de l'immpie de Martin Le Mégissier tenant sa boutique au haut des degrez du Palais, 1614.
    Voir la notice de l'ouvrage

  • Manuscrit : Recüeil de chansons plus anciennes que nouvelles... copiées pendant mon séjour à la Grange-aux-Ormes en 1761. Pour Mlle B.A., 1761.

  • Jules Borgnet, Les passe-temps d'un greffier d'autrefois, Messager des sciences historiques, des arts et de la bibliographie de Belgique, XIII, 1851.

  • Stainer, John, Dufay and his contemporaries, fifty compositions ranging from about A. D. 1400 to 1440, transcribed from Ms. Canonici misc. 213 in the Bodleian Library Oxford, by J. F. R. Stainer,... and C. Stainer, with an introduction by E. W. B. Nicholson,... and a critical analysis of the music by Sir John Stainer,..., London : Novello, 1898.
    Voir la notice de l'ouvrage



Versions occitanes du chant La Pernette :

 
Les folkloristes et collecteurs ont été nombreux au cours du XIXe siècle à relever dans leurs recueils des versions de La Pernette, nous listons ici seulement les versions du chant en occitan :

  • Alphonse Lamarque de Plaisance, Usages et chansons populaires de l'ancien Bazadais, Bordeaux : [s.n.], 1845.

Études sur le chant :

  • Georges Doncieux, La Pernette : origine, histoire et restitution critique d'une chanson populaire romane IN Romania, Paris : Société des amis de la Romania, T. 20, 1891.
    Consulter l'article en ligne

  • Vincent d'Indy, La Pernette IN Chansons populaires recueillies dans le Vivarais et le Vercors par Vincent d' Indy, mises en ordre, avec une préface et des notes par Julien Tiersot..., Paris : Heugel, 1892. 
    Localiser les exemplaires de l'ouvrage 
    Consulter l'ouvrage en ligne

  • Patrice Coirault, La Pernette IN Répertoire des chansons françaises de tradition orale, I. La poésie et l'amour, Paris : BnF, 1996. p.153

La_cigale_et_la_fourmi_illustration_dore.jpg
Je recherche la Cigale et la Fourmi de Jean de la Fontaine en occitan
CIRDÒC-Mediatèca occitana

Les fables de la Fontaine ont fait l'objet de nombreuses adaptations en occitan. En voici quelques exemples :

La cigala, avia cantat,
Arrèu l'estiu empenat.
Se prenguèt la mala crampa,
Quand arribèt la cisampa.

Extrait de :  Fablas de La Fontaine : 52 fablas reviradas en occitan, Marcèu Esquieu, Contes de la Doas Bocas, 2006, p. 9. Cote CAC 9125


La cigala cantèt : « criu-criu »
Tot l'estiu.
Mès, se trobèt mal plantada,
Quand cisampèt la bofada.

Extrait de :  Jan de la Font : 100 fablos rebirados en lengo nostro, Félix Remize, Les Amis du Païs et L'Escolo Gabalo, 2006, p. 134. Cote CAB 4458


La cigala ajent cantat
L'estivat,
Se trobèt desprovesida
Jos la cisampa amalida,

Extrait de : Novèl pichon fablièr revirat en occitan, Crestian Mathieu, Comitat de Peirigòrd de la Lenga Occitana, , 1988, p. 1. Cote CAC 4795

Bibliographie des traductions occitanes des Fables de La Fontaine disponibles au CIRDÒC :


Fablas de La Fontaine : 52 fablas reviradas en occitan, Marcèu Esquieu, Contes de las Doas Bocas, 2006.

Jan de la Font : 100 fablos rebirados en lengo nostro, Félix Remize dit Lou Grelhet,... ; édition inédite et recueillie par Félix Buffière, Prosper Rambier et Joseph Tichit, les Amis du Païs et l'Escolo Gabalo, 2006.

Quauquas faulas de Joan de La Font chausidas e reviradas en lenga lemosina per Paul Rainal, Escòla 'Chabatz d'entrar de Lion, 2005.

Joan de La Font mai que jamai : encontres = rencontres, Alban Cazals, Grelh Roergàs, 2005.

13 Fablas de La Fontaine [Enregistrement sonore] : Òc : Reviradas en occitan, Marcèu Esquieu, Contes de las Doas Bocas, 2003.

50 fablas causidas botadas en vers gascons pre'N Joan Darreche, Princi Negre, 1996.

Fables causides de La Fontaine en bers gascouns : La cigale é l'Arroumits, transcripcion Guy Latry, Publié dans Oc, N° 36, julhet de 1995, pp. 23-24.

Novèl pichon fablièr revirat en occitan [par] Crestian Mathieu, Comitat de Peirigòrd de la Lenga Occitana, 1988.

Pichon fablièr revirat en occitan [par] Crestian Mathieu, Ed. del Cotelon-Morron : Escòla Felibrenca Rochegude, [198.?].

Fables causides de La Fontaine en bers gascouns, Limarc, 1980.

La fontaine a nostro fuont, reviraduro en lengo d'oc de quaucai fablos per l'Abat Antoni Marty, Gerbert, [1969].

Tradutçiou libro de las fablos de Moussu de Lafountaino, Josselin Gruvel, [19..?]

Chansons patoises de la région de Thiers ; suivi de Fables de La Fontaine traduites en patois de la région d'Ambert par un paysan d'Olliergues, [19..?].

Caoucos fablos en rimos bigourdanos-patouès de Bagneros de J. de La Fontaine, Nabaillet, 1899.

Fables caùsides de La Fontaine en bérs gascouns par l'Abbé Foix, Hazael Labèque, 1891.

La cigala e la fourniga : fable en vers languedociens par E. Montabré, Impr. Centrale du Midi, 1889.

Caoucos fablos en rimos bigourdanos, patouès de Bagneros de J. de La Fontaine, Impr. J. Cazenave, 1886.

Les fables de La Fontaine, trad. librement ou imitées en vers provençaux par Hippolyte Laidet, M. Lebon, 1879-1880.

Fables de Jean de La Fontaine, trad. en vers provençaux par Marius Bourrelly, A. Gueidon Remondet-Aubin, 1872-1875

Fablos caousidos de Lafountaino, libromen traduitos en patoués pyrénéen et enrichidos dous éléments de la grammairo d'aquéro lengo per Jules Portes, P. Plassot, 1857.

"La cigalo et la fournigo", dans : Roumavagi deis troubaïres, Aix, 1854.

"Lou raïnard, lou singe et les aoutros bestios", dans : Lou Bouil-Abaïsso, 14 juillet 1845.

"La cigougno et lou rinard", dans : Lou Bouil-Abaïsso, 11 mars 1842.

Fablos causidos de Jean de La Foutaino, tremudados en berses gascouns, é dediados a Soun Altesso Rouyalo Mou lou Duc d'Angoulémo per un bourdelés, M. Bergeyret lou nebout = Fables choisies de Jean de La Fontaine, mises en vers gascons, et dédiées à son Altesse Royale Mgr. le Duc d'Angoulême par un bordelais, M. Bergeret neveu, 1816.

Quelques fables choisies de La Fontaine, mises en vers patois limousin par J. Foucaud, A Limoges : chez J.-B. Bargeas, Imprimeur-libraire, An 1809.

Fables caousides dé La Fontaine : Curieuse traduction en vers patois des Fables de Lafontaine, [18..?]

Fables causides de La Fontaine en bers gascouns, Bayoune : P.F. Duhard, 1776.


Manuscrits des traductions occitanes des Fables de La Fontaine disponibles au CIRDÒC :


Fables Gascones, L'an 1773. 1 livret, 52 pages et 6 pages découpées. 110 x 170 mm. 1770-1773. Cote Ms 1167

La cigalo et la fournigo - Lou gorp et lou reinard - Lou loup et l'agnel. 1 pièce, 5 feuillets. 270 x 210 mm. 1958. Cote SAB-A-12-042

saint_michel.jpg
Cossí se ditz : « coquille Saint-Jacques » en occitan ? Comment dit on « coquille Saint-Jacques » en occitan ?
Centre interrégional de développement de l'occitan (Béziers, Hérault)

Sommaire

1. Un symbole sacré
2. Vocabulaire et expressions en occitan
3. Pour en savoir plus : bibliographie sélective

La coquille Saint-Jacques (pecten maximus de son nom savant, donné par le naturaliste Linné au XVIIIe siècle) est un coquillage de l'Atlantique Nord. En France, c'est sur les littoraux bretons, normands et du Nord-Pas-de-Calais que la production en est la plus importante. Associée au pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, la coquille est également le symbole du Mont-Saint-Michel, comme en témoignent les nombreuses coquilles figurant sur les parures et vêtements des chevaliers de l'ordre de Saint-Michel dans les représentations du XVe siècle (voir ci-contre). La Méditerranée a aussi sa coquille : le pecten jacobaeus (qui doit justement son nom à saint Jacques), petite sœur de la véritable « grande coquille » . 

1) Un symbole sacré 

Dans l'Antiquité

Dès l'Antiquité, la coquille Saint-Jacques est un symbole de fécondité, qu'on retrouve notamment associé à la déesse Aphrodite (chez les Grecs) ou Vénus (chez les Romains). Aphrodite / Vénus est née de l'écume, selon Hésiode ; le motif de la coquille géante enfantant la déesse apparaît plus tardivement. On le trouve par exemple dans la célèbre fresque, datée du IIIe siècle, de la Maison de Vénus à la coquille à Pompéi (voir ci-dessous).

Copie de la "Vénus anadyomène" de Pompéi / Source : Wikimedia


Un symbole de piété chrétienne

Assez naturellement, la coquille est adoptée par les chrétiens comme symbole de résurrection. Elle constitue un motif d'ornementation très courant des édifices et du mobilier religieux, mais c'est avec l'extraordinaire développement du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, à partir du XIe siècle, qu'elle devient un emblème religieux majeur de l'Occident chrétien. Pendue à leur cou ou cousue sur leurs vêtements et chapeaux, elle représente un signe distinctif permettant aux pèlerins de Saint-Jacques qui sillonnent la France et l’Espagne de se désaltérer, de se nourrir et de mendier durant leur périple. La coquille devient dès lors un symbole de grande piété. On la retrouve sur les blasons des cités et les armoiries des croisés.  C'est à cette période qu'elle devient « coquille Saint-Jacques ».

Les premières mentions de la coquille comme attribut du pèlerin de Saint-Jacques figurent dans le Codex calixtinus et suggèrent que la tradition remonterait au XIe siècle. L'auteur du sermon du « Veneranda dies » fait de la coquille en forme de mains ouvertes un symbole des bonnes œuvres. Il indique plusieurs noms donnés par les pélerins à ces coquillages que l'on trouve sur le littoral de Saint-Jacques-de-Compostelle : « veras » ou « vieiras », appellation locale encore en usage en galicien aujourd'hui ; « crusillas » en français ; « nidulas » pour les « Provençaux » (terme désignant tous les pèlerins de langue d'oc, pas seulement ceux issus de la Provence moderne). Nous n'avons pas trouvé d'autres occurrences du terme « nidulas » évoqué par l'auteur du sermon.  

2) Vocabulaire et expressions en occitan

Bien qu'absent de la littérature culinaire occitane (il semble normal que la coquille Saint-Jacques, mets de luxe caractéristique des régions de l'Atlantique Nord, ne figure pas dans les écrits gastronomiques anciens), le terme générique idoine serait « cauquilha de Sant Jaume (ou Jacme) ». Mais on relève également des termes spécifiques et historiques, en particulier « pelerina » (ou « pelegrina »), présent notamment dans le Trésor du Félibrige de Frédéric Mistral : « coquillage dont les pèlerins ornent leur pèlerine ». Une étude sur les coquilles Saint-Jacques parue en 1930 (E. PRIOL) suggère qu'on les appellerait dans la région de Port-Vendres des « patcharinas » (publiée dans : Revue des Travaux de l'Institut des Pêches Maritimes (0035-2276) (ISTPM), 1930-06 , Vol. 3 , N. 2 , P. 143-173). Ce terme, inconnu des autres sources lexicographiques, semble cependant erroné. Il est probable que l'auteur est transcrit phonétiquement "pagelina" qui désigne effectivement sur le littoral languedocien et provençal un petit coquillage dont la forme est proche de la coquille Saint-Jacques.

On trouve parfois dans les dictionnaires occitans le terme « arcèli » mais il s'agit d'un autre coquillage, de type palourde : le « lavignon » ou « lavagnon », très courant en Charente-Maritime.

À noter, cette expression relevée dans le Trésor du Félibrige : « A pelerin fau pas vèndre couquiho » (graphie originale de l'auteur, en graphie classique « A pelegrin fau pas vendre cauquilha »).

Coquilles Saint-Jacques dans d'autres langues romanes (source WORMS) :

vieira galicien, petxina de pelegrí, peregrina (catalan), conchiglia di San Giacomo, conchiglia dei pellerini, cappasanta, capa santa (italien)

Qualques cauquilhatges corrents en Occitània mediterranèana : 

- Clausissa o clauvissa : les fameuses « clovisses », très courantes dans la cuisine du littoral provençal et languedocien, spécialité du bassin de Thau (Sète), qui se cuisinent en persillade.

- Los muscles : les moules

- Las tenilhas ou telinas : devenues « tellines » ou « ténilles » en français (en Languedoc, on emploie plutôt « ténilles », d'après le terme occitan original). Le plus petit des coquillages qui vit dans le sable. Il se cuisine traditionnellement en persillade.

- Las ustras : les huîtres 

3) Pour en savoir plus  : bibliographie sélective 

Le vocabulaire occitan des poissons et coquillages

- Un lexique occitan très complet des termes de pêches, des poissons et des coquillages de la région marseillaise (occitan provençal, graphie phonétisante)

L. PILA, Pei e Pesco daou gou de Marsiho ; Marsiho : Louis Pally ; Nice : J. de Fays, 1911. (Consultable sur le site du Ciel d'oc)

- Le Trésor du Félibrige :  contient également de nombreux termes liés à la pêche, aux poissons et aux coquillages

Quelques livres de recettes en occitan 

BERTINO (Andrée) e VALLA (Fredo), 18 menú d'Occitània dediats a 18 grandas fremas de l'estòria occitana, Roccabruna : Chambra d'òc, 2006. (occitan/italien/français/anglais)

-  MONTAGNE (Prosper), Le festin occitan, Villelongue d'Aude : Atelier du Gué, 1980. (contient des textes et du vocabulaire en occitan)

- MONTAGNE (Prosper), Gastronomie méridionale : littérature, art culinaire et recettes,Villelongue-d'Aude : Atelier du Gué, 1999. (contient des textes et du vocabulaire en occitan)

 - REBOUL (Jean-Baptiste), La cuisinière provençale, Marseille, Tacussel, 1985 (contient du vocabulaire et un lexique des termes de cuisine en provençal)

  

 Languedoc

- BRAS (Mireille), Afogassets, o l'art de beure pas tot sol, Carcassona : Institut d'Estudis Occitans Aude, 1996. - DUCONQUERE (Marie-Paule), La cosina occitana del país d'Agde, Picapol : Escòla Occitana d'Estiu, 1987. (occitan/français)  - GUILHEM (Henriette), La cosina a vista de nas, Valence d'Albigeois : Vent Terral, 2000.  - MOULY (Charles), La cuisine de Catinou, Portet-sur-Garonne : Loubatières, 2000. 

- Secrets de cuisine : à la recherche des spécialités culinaires traditionnelles, Gruissan : MJC, 2012. - Còcas e cocons : pâtisseries occitanes : Quercy-Rouergue-Albigeois, Cordas : Association Cordae-La Talvera, 1998. (occitan/français)

 - Liquors e confiments : Liqueurs et confitures occitanes : Quercy-Rouergue-Albigeois, Cordas : Association Cordae-La Talvera, [2000]. (occitan/français)- Sopas e menudalhas : recettes occitanes de soupes et légumes : Quercy, Rouergue, Albigeois, Cordes : Association Cordae-La Talvera, [200?]. (occitan/français) - Carns e salvatgina : recettes occitanes de viandes et de gibier : Quercy, Rouergue, Albigeois, Cordes : Association Cordae-La Talvera, [2003?]. (occitan/français) 

Limousin

- ROSSI-LAGORCE (Régine), Bouligou et farcidure : le cahier d'une gourmande en Limousin, Lamazière-Basse : Maï͏ade, 2004. (occitan/français) - ROSSI-LAGORCE (Régine), Brejauda e clafotis : le nouveau cahier d'une gourmande en Limousin, Lamazière-Basse : Maï͏ade, 2004. (occitan/français) 

Périgord

- VERGE-ALLARD (Gisela), Cosinar dens la cheminea, Puylaurens : IEO ; Ribérac : Novelum ed., 2007.

Gascogne

 - PALAY (Simin), Autour de la table béarnaise : traditions, coutumes, terminologie, proverbes et dictons, Pau : Princi negue : Institut béarnais et gascon, 2004. (contient des textes et du vocabulaire en gascon) 

Vallées occitanes d'Italie

- BERTINO (Andrée) e VALLA (Fredo), Recetari occitan : 50 recetas de las valadas occitanas, Venasca : Ousitanio vivo, 1997. (occitan/italien/français)

Provence

- CHANOT-BULLIER (Calistino), Vieii receto de cousino prouvençalo, Marseille : Tacussel, 1976 (occitan/français) - NAZET (Marion), Misé Lipeto : le calendrier gourmand de la cuisine provençale d'hier et d'aujourd'hui , Marseille : J. Laffitte, 2005 (2 vol.) (français/occitan) 


vignette_3636.jpg
« crowdfunding » en occitan
CIRDÒC - Mediatèca occitana
Le terme anglais « crowdfunding », littéralement « financement par la foule », est un néologisme, un mot créé et popularisé récemment. Il désigne divers modes de financement de projets particuliers par cotisation d'un grand nombre d'individus qui se sont développés avec l'Internet participatif et les réseaux sociaux.

« Crowdfunding » est largement utilisé, sans adaptation, dans les autres langues européennes, comme en témoigne par exemple son usage dans la presse française, italienne ou espagnole.

Terminologie et néologie

Les langues officielles bénéficient souvent de structures publiques chargées de la terminologie et de la néologie, c'est-à-dire de la traduction ou de l'adaptation d'un terme spécifique emprunté à une autre langue, lorsqu'aucun terme équivalent n'est spontanément forgé par la communauté des locuteurs. Les choix terminologiques s'appuient sur des critères linguistiques (exactitude de la traduction, pertinence sémantique, cohérence étymologique) mais également sur des données sociolinguistiques, c'est-à-dire les usages réels et constatés des locuteurs d'une langue. Ainsi le terme « baladeur », préconisé par les instances québécoise et française en remplacement de la désignation sous copyright « Walkman », est-il devenu d'usage courant en français, prenant une acception plus large au gré des évolutions technologiques ("un baladeur mp3").

Pour l'occitan, le travail de terminologie est assuré par des linguistes dans le cadre de travaux universitaires ou académiques, ou de façon indépendante dans la rédaction de dictionnaires ou de lexiques. Certains organismes publics ou associatifs mènent également des chantiers de terminologie en collaboration avec les linguistes. Pour la création d'un néologisme en occitan, la prise en compte des choix opérés par les organismes officiels des autres langues romanes peut également permettre de trouver des solutions acceptables sur le plan linguistique comme sociolinguistique.

Le terme "crowdfunding" n'apparaissant pas dans les différents dictionnaires et lexiques occitans récents, on ne peut à ce stade opter que pour la comparaison avec les autres langues romanes.


Comment dit-on...

...en français ?

En France, la Commission générale de terminologie et de néologie a officialisé en 2013 l'expression  « financement participatif » comme traduction française de « crowdfunding ».
Le Grand dictionnaire terminologique (base de données de l'Office québécois de la langue française) privilégie la même expression de « financement participatif », mais propose également « sociofinancement » et « financement collectif ».

...en espagnol (castillan) ?

Le castillan n'est pas doté en Espagne d'organisme officiel de normalisation, et la Real Academia ne propose pas pour l'instant d'alternative à "crowdfunding". On trouve plusieurs termes dans les documents économiques récents, en particulier le concept de « micromecenazgo » (qui insiste davantage sur l'aspect de microfinancement) mais aussi « financiación masiva »« financiación en masa ».

...en catalan ?

Le TermCat, la base officielle de terminologie et de néologie de la Generalitat de Catalunya, propose également « micromecenatge » comme entrée privilégiée et « finançament col·lectiu »« finançament compartit » parmi d'autres expressions possibles.

...en italien ?

La langue italienne n'est pas dotée d'organisme officiel de terminologie (elle possède toutefois une Académie, l'Academia della Crusca, et il existe une association italienne de terminologie, ASS.I.TERM). Mais on note que l'Enciclopedia Treccani, ouvrage de référence, propose l'expression « finanziamento collettivo ».

...en portugais ?

L'IATE, la base de données terminologiques multilingue de l'Union européenne, recense l'emploi de « financiamento colaborativo » au Journal officiel et ceux de « micromecenato » et « financiamento coletivo » dans des contextes parlementaires ou universitaires.

...en roumain ?

L'IATE recense dans sa base de données l'usage de « multifinanțare » (« multifinancement ») et celui de « finanțare participativă » dans des textes officiels ou scientifiques.  

Et en occitan ?

En occitan, « crowdfunding » pourrait donc être traduit par « finançament participatiu » si l'on privilégie la proximité des usages sociolinguistiques avec le français, « micromecenatge », si l'on privilégie au contraire la proximité avec le catalan, et « finançament collectiu » serait sémantiquement tout à fait acceptable.

Ressources en ligne liées

Le Congrès permanent de la langue occitane, organisme de référence regroupant maintes institutions et de nombreux linguistes, propose sur son site une liste de lexiques spécialisés : http://www.locongres.org/fr/ressources/lexiques-occitans-specialises et élabore le Basic, lexique référentiel français-occitan : http://www.locongres.org/fr/normes-et-oeuvres-normatives/oeuvres-normatives/lexicographie/le-basic

FranceTerme, la base des termes recommandés au Journal officiel de la République française : http://www.culture.fr/franceterme

Le Grand dictionnaire terminologique, la base de données terminologiques de l'Office québécois de la langue française : http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/

Termium, la base de données terminologiques et linguistiques du Gouvernement du Canada : http://www.btb.termiumplus.gc.ca/

TermCat, le Centre de terminologie de la langue catalane, qui propose la base CercaTerm et le lexique Neoloteca : http://www.termcat.cat/ca

L'IATE, la base de données terminologiques multilingue de l'Union européenne, alimentée par les terminologues et traducteurs à partir de corpus textuels : http://iate.europa.eu

Occitanica étant un outil de connaissance participatif (de "crowdsourcing" donc...), toute remarque, proposition, précision et objection sont bien sûr les bienvenues pour alimenter ce débat terminologique : la fonction "contribuez" est à votre disposition ci-dessous pour partager vos commentaires.
Grenou-1-.jpg
La traduction française de la Gragnotto dé Sant-Paul d'Hercule Birat
CIRDÒC-Mediatèca occitana

La Gragnotto dé Sant-Paul d'Hercule Birat

 

De nombreuses histoires courent autour de la présence de cette grenouille au cœur du bénitier de l'église de Saint-Paul, la liant directement à celle du saint patron. Ce dernier serait arrivé dans la région au IIIe siècle, en provenance d'Asie Mineure, afin de l'évangéliser. C'est à proximité de l'étang de Bages qu'il fait un jour la rencontre de pêcheurs locaux le mettant au défi de voguer sur un bloc de marbre. Saint Paul, s'il parvient à tailler le marbre de sorte à en faire une embarcation, ne parvient toutefois pas à le manœuvrer. Surgit alors des eaux une grenouille lui proposant de lui servir de gouvernail pour le mener à bon port. Cette rainette serait peut-être, selon une autre légende locale, une grande dame romaine convertie par Saint Paul et qui, refusant d'abjurer pour épouser l'empereur Justinien, fut précipitée dans les flots et se transforma en rainette. Le batracien du bénitier serait alors un rappel constant de cette histoire (cf. Récits et contes populaires du Languedoc, recueil par Claudine et Daniel Fabre, Gallimard, 1978, pp.126-127 – cote CIRDOC CC 51-6-3). D'autres légendes raconte que la grenouille aurait été au contraire pétrifiée par Saint Paul lui-même, faisant cesser ainsi les coassements de l'animal perturbant son prêche.

La célèbre rainette de Narbonne, toujours présente dans l'église aujourd'hui, a une patte cassée. C'est autour de celle-ci que se concentre l'histoire rédigée en 1856 par le poète narbonnais Hercule Birat dans La Gragnotto dé Sant-Paul.

  

I/ Hercule Birat, poète du local

Hercule Birat, né dans cette ville à la fin du XVIIIe siècle (1796), laissa à sa mort en 1872, une œuvre féconde et protéiforme tant occitane que française. Chansons, satires, mais aussi poèmes sont autant de médias utilisés par Birat, proposant dans un style populaire et provincial revendiqué, les chroniques de sa ville natale.

Poète du local, féru d'histoire régionale, Birat connaît et convoque les légendes et histoires qui entourent sa région, se faisant lui-même conteur et passeur de mémoire dans bien des écrits. En 1861 paraissent Les Poésies narbonnaises, recueil qui regroupent différents écrits poétiques de sa main, dont le sous-titre nous renseigne sur le propos : "Poésies narbonnaises en français ou en patois, suivies d'entretiens sur l'histoire, les traditions, les légendes, les moeurs, etc., du pays narbonnais, par H.Birat".

C'est dans le tome II de cet ouvrage que dans le cadre du cycle de Saint-Paul, parait l'histoire de La Gragnotto dé Sant-Paul (p.195-220 de l'édition de 1860, Narbonne, E.Caillard [Cf. http://occitanica.eu/omeka/items/show/612]). La pièce date de 1856 et traduit le goût de l'auteur pour la création à partir de légendes et textes primitifs locaux.

 

II/ La Gragnotto dé Sant Paul

Le bénitier de l'église Saint-Paul de Narbonne, présente dans son fond une petite grenouille de marbre, dont l'origine a de tout temps suscité les questionnements et l'imagination. De nombreuses légendes courent ainsi autour du batracien, par ailleurs immortalisé par de nombreuses cartes postales et photos.

Dans La Gragnotto dé Sant-Paul, qu'il rédige en occitan, Hercule Birat met en vers sa version de l'histoire du batracien narbonnais, et notamment de l'absence de sa patte avant droite, dont voici le résumé. Il n'existe pas en effet à notre connaissance de traductions de cette histoire en français. Vous pouvez toutefois en découvrir certains extrais traduits sur les sites internet suivant : polymathe.over-blog.com (http://polymathe.over-blog.com/article-35978332.html) ou notabene (http://notabene.forumactif.com/t364-la-grenouille ).

 

L'histoire raconte le tour de France d'un jeune ouvrier de Nancy, "Calisto" (Calliste ou Calixte). Il reçoit avant son départ les nombreux conseils de son père, Paul Moran, l'invitant à se rendre à Narbonne et là, à découvrir la grenouille qui se trouve dans le bénitier de l'église Saint-Paul. Il lui raconte qu'à l'époque, les Narbonnais survécurent 'six ou sept" ans durant un siège, en se nourrissant des précieuses grenouilles.

Sur place, le jeune homme, qui durant les recommandations de son père n'écoutait que d'une oreille, découvre bien des monuments mais oublie de se rendre auprès du bénitier. A son retour, rendant compte d'un voyage de près de 4 ans, il énumère ainsi, et Birat avec lui, les diverses richesses de la ville de Narbonne mais omet bien entendu de parler de la grenouille. En dépit de ses récits, son père l'enjoint alors de s'en retourner à Narbonne voir le batracien, et lui indique alors l'emplacement précis de l'église où se trouve la grenouille de marbre.

Le fils reprend donc seul la route, son père étant trop âgé pour l'accompagner. Il se munit pour l'occasion d'une lime et d'un ciseau (le jeune homme est lui-même ouvrier), murissant durant les douze mois de voyage, son projet de vengeance. Arrivé devant l'animal, il pose sur les reins de la grenouille son outil pour la réduire en "sept ou beït boucis" (sept ou huit bouts). L'eau présente dans le bénitier se change alors en un sang d'un profond pourpre. Calisto pris de panique fuit, mais s'écroule à quatre pas de la sortie, passant plus d'un an à l'hôpital, et ne survivant pas plus de douze ans à sa tentative.

D'autres racontent qu'un grand bruit retentit au même moment bouleversant le destin des personnes présentes (l'une devint sourde, une autre se brisa la hanche suite à un bond de terreur...). Certains affirment même que trompettes et cloches sonnèrent de leur seul fait.

 

III/ La Gragnotto chez Mistral

Si à notre connaissance, il n'existe pas d'éditions en français de cette poésie. La Gragnotto dé Sant-Paul a toutefois été reprise et adaptée en occitan par Frédéric Mistral. Publiée une première fois dans l'Armana Prouvençau de 1890 (pp.58-61) sous le titre de La granouio de Narbouno, elle a par la suite été rééditée dans Moun espolido, ouvrage traduit en français sous le titre de Mémoires et récits. Vous en trouverez différents exemplaires disponibles au prêt au CIRDOC à la cote "Mist roman", et est également présente dans le volume trois des Récits et contes populaires du Languedoc (recueil par Claudine et Daniel Fabre, Gallimard, 1978 – cote CIRDOC CC 51-6-3).

Le héros, dénommé pour l'occasion Pignolet, poursuit ici aussi son tour de France. Originaire de Nancy chez Birat, il devient Grassois chez le Nobel provençal. Une fois de plus la grenouille subit les assauts du ciseau, mais alors qu'elle vient de perdre une patte, rougit l'eau, marquant pour toujours le bénitier de l'église. L'histoire ne dit pas ce qu'il advint du vandale de cette version.

 

Pour en savoir plus: 

Récits et contes populaires du Languedoc, 3, Dans le Narbonnais. Recueillis par Claudine et Daniel Fabre. [Paris] : Gallimard, 1978, cop. 1978 (45-Malesherbes) : impr. Maury). (Cote CIRDOC : 398.148 REC).

BIRAT, Hercule, Poésies narbonnaises en français et en patois, suivies d'entretiens sur l'histoire, les traditions, les légendes, les moeurs, etc., du pays narbonnais, Narbonne : E. Caillard, 1860  (Cote CIRDOC: CAC 452-1).

MECLE, André, "Hercule Birat, le poète de Narbonne", In La Voix Domitienne n°26-27 de 1997, p. 138-142 (Cote CIRDOC: O2).

MISTRAL, Frédéric, Mémoires et Récits, Bordeaux : Aubéron, 1999 (53-Mayenne) : Impr. Floch). (Cote CIRDOC : R.FRA MIS m ).

 

 

 

 

 

FeuxStJean.jpg
Feux de la Saint-Jean en Occitanie et en Catalogne
CIRDÒC - Mediatèca occitana
Aux éléments déjà mentionnés dans l'article concernant les Feux de la Saint-Jean au Brésil et en Occitanie (voir ICI) nous pourrions ajouter quelques hypothèses et pistes de réflexion en ce qui concernent les similitudes existantes entre les commémorations de la Saint-Jean en Catalogne et en Occitanie.

La proximité géographique, linguistique et culturelle entre Catalogne et Occitanie s'exprime également dans les similarités rencontrées dans les rites de célébration des Feux de la Saint-Jean. Dans son ouvrage paru en 1949 (Folklore français, tome II) Arnold Van Gennep dresse la liste des régions françaises pratiquant ou ayant pratiqué l'embrasement de feux à l'occasion de la Saint-Jean d'été. Dans la liste qu'il dresse alors figurent tant les régions occitanes que la Catalogne française. Les informations transmises à ce sujet par le folkloriste, ainsi que par la suite par Pierre-Jean Fabre dans son ouvrage sur les Feux de la Saint-Jean en Provence, témoignent encore pour la première moitié du XXe siècle d'une similarité de formes entre Catalogne et Pays d'Oc. Figurent ainsi en bonne place la trilogie du feu, des herbes et plantes, et de l'eau.
 
Déjà fragilisée du temps de Van Gennep, cette coutume semble en passe de disparaître dans l'ensemble de ces régions aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, se maintenant difficilement dans quelques espaces isolés. Cependant, alors même que cette tradition semble menacée, des initiatives nouvelles permettent au contraire à celle-ci de connaître une réelle renaissance, tout particulièrement en Catalogne française, berceau de ce renouveau, et en Provence.

L'initiative de l'embrasement d'un bûcher au sommet du Pic du Canigou, aujourd'hui devenu l'un des moments phares de cet événement date dans la région, semble avoir été portée à l'origine par François Pujade, habitant d'Arles-sur-Tech en 1955. Les feux de la Saint-Jean sur le Canigou se confirmèrent les années suivantes, gagnant progressivement d'autres collines catalanes. Si cette tradition semble nouvelle en ce qui concerne ce massif catalan, cet embrasement vient en fait se greffer sur des pratiques anciennes, connues par le passé tant en Catalogne qu'en Occitanie. Notons à ce sujet ce passage de Mirièio de l'auteur provençal Frédéric Mistral qui évoque en 1859 l'illumination des collines par les feux et bûchers de la Saint-Jean :

"Saint Jean ! Saint Jean ! S'écriaient-ils. / San Jan ! Sant Jan Sant Jan ! Cridavon. »

« Toutes les collines étincelaient / Tòuti li colo esbrihaudavon. »

« Comme s'il avait plus des étoiles dans les ombres ! / Coume s'avié plóugu d'estello dins l'oumbrun !"

« Cependant la rafale folle / Enterin la Flamado folo »

« Emportait l'encens des collines / Empourtavo l'encèns di colo »

« Et la rouge lueur des feux / Emé di fiò la rougeirolo »

« Vers la Saint planant dans le bleu crépuscule." / Vers lou Sant, empla dins lou blu calabrun. »  Frédéric Mistral, Mireille. Chant VII, 1859.    


Dès 1963, cette tradition fut entretenue et vivifiée par le Cercle des Jeunes Gens, instaurant la veillée du feu puis son transport le lendemain jusqu'au Palais des Rois de Majorque, au cours du "Rey del foc" initié par Jean Iglesis.  

Le renouveau catalan observé dès les années 1950-1960, se propage progressivement en terres occitanes et tous particulièrement en Provence, deux régions d'ailleurs historiquement liées. Dans les années 1980, les feux de la Saint-Jean connaissent ainsi un renouveau dans cet espace grâce à l'influence directe des Catalans de Salon-de-Provence, qui redonne vie au bûcher provençal en faisant appel pour cela à la flamme du Canigou.

À compter de 1981 est créée une Maintenance des feux de la Saint-Jean et dès 1985, une branche provençale voit le jour afin de maintenir les liens ainsi créés. Entre 1985 et 1986, des fagots de bois, "li balaus de Sant-Jan", rassemblés par de petits provençaux et enrubannés aux couleurs de leur région, participent d'ailleurs à l'ascension du Canigou à l'occasion de la Saint-Jean d'été, et viennent rejoindre le bûcher. L'opération prend l'appellation de "Li recampado di Prouvençau au Canigou". Les relations fondées dans les années 1980 se maintiendront jusqu'à nous. La Maintenance provençale reçoit ainsi chaque 23 juin à midi, les coureurs de Saint-Cannat. Au terme d'une course de relais de trois jours, ceux-ci rejoignent Arles au départ de la Casa Peiral de Perpignan. Ils y remettent alors la flamme du Canigou qui servira le soir même à embraser le bûcher.    


Pour en savoir plus :

FABRE, Pierre-Jean ; La Saint-Jean en Provence ; [S.l.] : Comité de Provence des mainteneurs des feux et traditions de la Saint-Jean, [1987?]

VAN GENNEP, Arnold ; Le folklore français, tome 2. Paris : R. Laffont, 1999.

sur 3